Paris-Pékin en stop (Partie 7) : Ma vie d’auto-stoppeur avec les camionneurs Russes

autostop russie

Hey ! Regarde ma caméra comme elle est belle !

Dans le précédent article, je quittais tout content le stade de Kazan où j’ai vu gratuitement le match de l’équipe de France à la Coupe du Monde. La prochaine étape, c’est la Sibérie et les randonnées sur les berges du magnifique Lac Baïkal, la plus grande réserve d’eau douce au monde. Le seul hic : 4500km et 55 heures de voiture me séparent du Lac Baïkal. En camion, c’est plus de 80 heures de route qui m’attendent…

Ma vie d’auto-stoppeur en Russie

L’auto-stop en Russie, ça fait peur. Avec les préjugés que j’avais sur les Russes, disons que c’était le pays où j’étais le moins serein. J’avais peur de me retrouver avec un camionneur complètement arraché à la Vodka, peur de me faire prendre par un psychopathe. Les Russes ont des visages assez fermés, durs, qui n’inspirent pas forcément confiance de prime abord. Rajoutez la barrière de la langue car l’écrasante majorité ne parle pas un mot d’Anglais, et c’est le combo gagnant. Mais le meilleur moyen de combattre les préjugés, c’est de se lancer !

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Je prends mes aises au fur et à mesure que le paysage défile

Je pars de Kazan complètement malade et la voix cassée de la célébration avec les supporters Français la veille. L’auto-stop en Russie est monnaie courante et je n’attends que quelques minutes avant qu’une voiture ne s’arrête sur le bord de la route. Je suis bien content de rencontrer Serguei, qui amène sa fille (que j’ai prise pour sa femme pendant 1h) à un tournoi de handball à 100km de Kazan. Bien qu’ils ne parlent pas un mot d’anglais, le trajet est très agréable, malgré ma grosse boulette quand j’ai demandé combien d’enfants ils avaient ensemble. Ma confusion vient du fait que Kazan est une région de la Russie très typée. Il y a en effet beaucoup d’immigrés de Géorgie, Arménie, etc. Et les quadragénaires ont des physiques très jeunes ! Jugez un peu !!  Franchement, de dos, dans une voiture, qui pourrait croire que c’est sa fille ??

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Serguei, Ana et moi

La situation clarifiée, Serguei a la gentillesse de faire un petit détour pour m’amener sur la route de Oufa, où je compte passer la nuit. Cette fois, moins de chance et j’attends quasi une heure avant qu’un Russe ne m’emmène dans une station service à une trentaine de kilomètres, un meilleur spot de stop. Je démarche plusieurs camionneurs avant de tomber sur Serguei (encore), qui accepte de m’emmener à Oufa. Serguei semble tout droit sortir du Seigneur des Anneaux, mais il ne faut pas se fier aux apparences, il a été incroyablement gentil et m’a déposé à un hôtel en bordure de la ville. Même si la communication était quasi impossible, j’ai compris qu’il essayait de trouver d’autres camionneurs qui pourraient me prendre le lendemain. Il m’a même écrit sur un bout de papier les plaques minéralogiques des camions à qui je devais demander pour aller vers l’Est. Un véritable amour.

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Tehoden du Rohan avec un coup de vieux

L’enchaînement des camionneurs

De là s’en suit une routine où pendant une semaine, mon quotidien est :

  • Réveil dans un motel pourri
  • Petit dèj
  • Taxi jusqu’à la sortie de la ville
  • Recherche du camionneur du jour
  • Trajet avec le camionneur du jour
  • Arrivée vers 22-23h
  • Recherche d’un motel pourri
  • Dodo
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Ma vue depuis un motel de camionneurs

Rien de bien fou à raconter sur cette semaine de stop si ce n’est quelques brèves de voyage :

  • Un groupe de Sibériens ne comprenait pas le concept de l’auto-stop et pensait que j’étais un clochard. Ils ont refusé que j’entre dans la voiture, mais ont essayé de me donner du fric en mimant le geste de manger.
  • Les camionneurs Russes ne boivent pas, du moins pas pendant leur service. Il y a des contrôles de police très stricts tous les 100km, et c’est tolérance zéro avec l’alcool. Par contre, aucun contrôle sur la fumette, et certains l’ont bien compris…
  • Il y a des tableaux et des statues de Lénine dans absolument tous les motels Russes que j’ai faits sur ce tronçon.
  • Un camion va à 90km/h max, 50 en montée et 60 là où la route est chaotique (donc souvent), ce qui fait une moyenne d’environ 60km/h sur cette semaine.
  • Les camionneurs Russes ne parlent pas un mot d’Anglais, et pensent que parler plus fort en Russe me fera comprendre leur point de vue.
  • Les camionneurs Russes sont de véritables amours, très curieux, toujours prêts à aider les voyageurs. Je me suis toujours senti en sécurité avec eux.
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Serguei, encore et toujours

L’arrivée galère en stop en Sibérie

Après une semaine de stop non-stop (lol), le Serguei ci dessus accepte de me conduire à Novossibirsk, capitale de la Sibérie. Du moins c’est ce que je pensais. La communication est si difficile que je ne peux pas comprendre exactement où il va. Serguei m’expulse de son camion à 50km de la ville, sur la bande d’arrêt d’urgence d’une autoroute. Il est 21h, la nuit tombe et surtout, un match de la France à la Coupe du Monde se joue le soir même à 23h. Je suis dégoûté. Les voitures vont à plus de 100 à l’heure, impossible de faire du stop. Je marche donc jusqu’au prochain village à 10km en bordure d’autoroute. Le trajet est atroce et je me fais dévorer par des centaines de moustiques qui tournent inlassablement autour de moi. Les salauds m’ont même piqué au pouce avec lequel je tentais d’arrêter les voitures. Finalement, une femme m’aide à rejoindre la bordure de la ville et je prends un taxi pour le centre. J’ai vraiment besoin de souffler quelques jours. Ma chambre ne ressemble malheureusement pas aux photos du site web et je me retrouve dans une pièce de 3m² et demi ornée d’un vieux ventilateur bruyant. J’y resterai deux jours, principalement allongé dans mon lit à mettre à jour le blog et à ne rien faire. Après une semaine comme celle que je viens de passer, croyez moi ça fait du bien !

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J’ai l’air heureux ? Je suis au bout de ma vie !

Auto-stop en Russie : une rencontre surprenante

Le matin de mon départ de Novossibirsk, je n’ai clairement pas le moral. Il me reste au moins 4 jours d’auto-stop pour rejoindre mon Lac Baïkal et clairement, j’ai la flemme. Je ne pense qu’à une couchette sympa dans un train, et moi regardant le paysage défiler tranquille avec un peu de musique. Mais pas question de faiblir ! C’est la dernière ligne droite vers Pékin car le Lac Baïkal n’est pas si loin de la Chine, et je mettrais plus de deux mois à faire le trajet tellement il y a de choses à faire entre les deux. Je me lance donc dans ma dernière grosse portion de « stop non-stop » et  prends un taxi qui m’emmène à la sortie de la ville. Je me mets sur le bord de la route, tends mon plus beau pouce et attends mon conducteur du jour. Au bout d’une demi-heure, j’aperçois un camping car. D’expérience, je baisse le pouce car les campings car ne prennent jamais d’auto-stoppeurs. Qui voudrait laisser un inconnu se balader dans sa maison roulante toute la journée. Mais au fur et à mesure qu’il se rapproche, je distingue un drapeau Français sur le devant du camping car. Je regarde la plaque, elle a tout l’air d’une plaque Française. Je me mets alors à courir vers le véhicule en agitant les bras comme un dingue et en hurlant FRANÇAIS, FRANÇAIS !!! Le camping car finit par s’arrêter et je fais la rencontre de Sylvain, sa femme Emmanuelle, et leurs enfants Titouan (7 ans) et Mathilde (5 ans).

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La Chapron Team !

Les Chapron sont une famille voyageant à travers le monde en camping car. Ils ont le même itinéraire que moi jusqu’en Mongolie, puis retournent vers la France par la route de la soie (Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Iran, Turquie…). Ils font l’école aux enfants tous les matins dans le camping car. La preuve vivante qu’il n’est jamais trop tard pour voyager.

Nous passons une journée ensemble. Une journée qui m’a fait un bien fou car avec la barrière de la langue, je n’ai pas eu de vraie discussion avec quelqu’un depuis plus de 10 jours !! Malheureusement, mon planning est un peu tendu et je dois rejoindre le Lac Baïkal au plus vite, pour cause d’expiration de visa. Et les Chapron vont assez lentement, pour ne pas infliger des heures interminables de route aux enfants. Je décide donc de reprendre la route avec mes petits camionneurs Serguei qui tracent sur les routes de Sibérie.

Le lendemain, je reprends la route avec un Serguei qui m’avance de 500km dans la ville de Krasnoiarsk. C’est beaucoup moins drôle qu’avec la petite famille, mais ça va plus vite, au grand dam des papillons jaunes qui sont immensément nombreux en Sibérie. La sélection naturelle en conduira une bonne partie sur les pare-brises des camions Sibériens.

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Splouch splouch

Le lendemain matin, je rencontre un jeune Ukrainien qui parcourt en auto-stop la Russie pour aller au Lac Baïkal. Je n’ai pas bien compris son concept, il se tape l’aller-retour depuis l’Ukraine pour 3 jours sur place !! Qu’à cela ne tienne, l’Ukrainien a déjà trouvé son camionneur du jour ! Il ira même jusqu’à demander à son Serguei s’ il peut m’emmener aussi. Bingo, je monte sur la couchette du camion, juste derrière les sièges. Je passe une journée super à pioncer en avalant les kilomètres. C’est évidemment complètement illégal et Serguei tire le rideau pour me cacher à chaque fois qu’on passe près d’un poste de police.

Une nuit blanche avec des camionneurs ivres morts

On roule toute la journée jusqu’à deux heures du matin. On peut dire que Serguei n’est pas vraiment pressé et fait des petites pauses tous les 50km. Moi je suis allongé pépouze, ça ne me dérange pas. Mais à 2h du mat, quand il s’arrête dans le parking de camionneurs, les choses prennent une autre tournure. Serguei nous dit qu’il va dormir 5h, et nous emmener vers le Lac Baïkal le lendemain matin. L’Ukrainien part dormir dans la forêt, sans tente, à la belle étoile et moi, petit Parisien, je me rends au petit motel à 100 mètres du parking. Mais le motel est pris d’assaut par des camionneurs ivres morts qui insistent pour me faire goûter leur bouffe dégueulasse (gras de porc et immenses cornichons) et des shots de vodka. J’étais tellement claqué que ça ne m’amusait pas du tout, surtout qu’ils avaient un peu l’alcool mauvais et que j’étais l’attraction de la soirée. Mais je ne pouvais pas partir, à chaque fois que j’essayais, un camionneur obèse, à moitié à poil (ils sortaient du baña) et complètement rond me prenait dans ses bras en mode « Mais NOOON, reste encore un peu Nikolaï ». L’enfer. Au bout d’UNE HEURE ET DEMIE, je parviens à m’enfuir. Il est presque 4h du matin, je n’ai aucun endroit où dormir, il fait froid, je désespère.

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Le désespoir

Je finis par trouver un banc où je m’assois pendant deux heures et appelle des amis à moi en France. Il est encore 22-23h en France et ça fait du bien d’avoir du réconfort. Le jour se lève vers 6h du matin et je réveille l’Ukrainien dans la forêt pour qu’on trouve une voiture qui nous emmène au lac. On attend quelques heures et on finit par se séparer. Il voulait monter dans une voiture qui allait seulement à 30km et j’ai préféré attendre une meilleur opportunité. 30mn après, je trouve une voiture qui va directement à Irkoutsk, au bord du Lac Baïkal. Enfin !

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Auto-stop au lever du soleil Sibérien

L’avancement du voyage

 

Episode précédent : Je vais voir un match de la France à la coupe du monde gratuitement !

Episode suivant : 6 jours en autonomie autour du plus grand lac au monde !

– Nicolas

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