La dream team pour passer la frontière Mongole !
Les Russes, ces bons samaritains
Rappelez vous dans l’article précédent, je vous racontais comment j’avais essuyé une tempête sur le Lac Baïkal. De retour à Irkoutsk, la plus grande ville autour du lac, je me rends compte que ma caméra ne fonctionne plus… La poisse ! Ni une ni deux je me mets à chercher une petite boutique de réparation électronique. Juste à côté de l’auberge (excellente) Rolling Stone Hostel, j’en trouve une. Je rentre et vois un mec seul entouré par 300 smartphones et tablettes. Je lui explique que mon appareil photo a pris la flotte et qu’il ne s’allume plus. Dès que le gars comprend que je ne suis pas Russe, il arrête littéralement tout ce qu’il est en train de faire et me fait entrer dans son arrière boutique. Il me dit qu’il n’a jamais démonté le moindre appareil photo mais que ça ne doit pas être bien différent d’un smartphone. Admettons…

Ne faites pas attention à la coupe de cheveux…
On a passé l’après midi entière ensemble, à démonter l’appareil et à changer quelques soudures oxydées. Au bout de quatre heures, on commençait à avoir faim et il m’a proposé d’aller se faire un KFC et de reprendre après. Le ventre rempli de poulet frit, il a rassemblé pièce par pièce l’appareil photo, qui a fonctionné du premier coup. Il a également débloqué le cache objectif qui était cassé et m’a changé ma coque d’iPhone pour une en silicone. Quand je lui ai demandé ce que je lui devais, il m’a répondu en souriant : 100 roubles (l’équivalent d’un euro). J’hallucine et écarquille les yeux, lui dis que c’est pas possible, qu’il a arrêté de bosser toute une après midi pour moi… Mais il me répond qu’il a passé un super moment et qu’il prend plaisir à aider les voyageurs.
En fait c’est très récurrent en Russie. Les Russes connaissent les préjugés des étrangers à leur égard : froids, antipathiques, dangereux… Et ils font tout pour se battre contre ces préjugés dès qu’ils en ont l’occasion. Et avec succès je dois dire car la Russie est un des pays les plus hospitaliers dans lequel j’ai eu la chance de voyager.
La suite du voyage en stop

Presque à la même taille !
Après ces trois semaines autour du Lac Baïkal, je me sentais un peu rouillé au niveau de l’auto-stop. Et c’est avec un grand plaisir que je pars sur les routes, direction la Mongolie ! Je compte y arriver en deux ou trois jour, je ne suis pas bien pressé. Les rencontres et les kilomètres défilent toute la journée et le soir, je fais la rencontre d’une famille Russe recomposée. J’avoue ne pas avoir bien compris toute l’histoire étant donné qu’aucun ne parlait Anglais. Mais je crois qu’il y avait deux sœurs, le mari d’une des deux sœurs et leur fils. Sauf que l’une des sœurs avait 30 ans et l’autre 12. Étrange affaire. Quoi qu’il en soit, j’ai fait un bon bout de chemin avec eux, où j’ai passer mon temps à essayer de calmer les gosses qui essayaient de me sauter dessus. Ils m’ont même invité (et insisté pour payer) au repas familial dans un restaurant sur le bord de la route.

La famille au grand complet (ou presque)
Après le dîner, la famille me dépose à un petit hôtel en bordure de Ulan-Oude, où je n’ai pas prévu de m’arrêter outre mesure. En dehors du plus gros buste de Lénine au monde, la capitale de la Bouriatie ne donne pas vraiment envie. Mais ça, c’était avant de rencontrer Jenya. Jenya est la réceptionniste de nuit de mon hôtel du jour. On a passé la soirée ensemble, je lui ai raconté mon périple et montré mon site web. (D’ailleurs si tu me lis, strastvoutie spaciba Jenya !). Elle me parle de sa ville et des environs et m’apprend qu’il y a un des plus gros monastère bouddhiste de Russie à quelques kilomètres de l’hôtel. Banco ! Elle propose de m’y emmener le lendemain matin et de faire la visite ensemble.
La visite improvisée du monastère de Datsan

Le palais principal de Datsan
Le datsan d’Ivolguinsk est un des plus importants temple Bouddhiste de Russie. C’était d’ailleurs le seul temple de toute l’URSS. Il a même reçu plusieurs visites du Dalaï-Lama. N’y connaissant absolument rien à la religion Bouddhiste, je me laisse guider par Jenya qui m’apprend dans quel sens aller, comment tourner les rondins de prière, où faire les offrandes de riz, etc. La visite dure environ deux heures, plus le temps pour moi de m’acheter quelques souvenirs et un bracelet de prière. Un grand merci à Jenya grâce à qui j’ai pu apprendre les rudiments de cette religion très intéressante, ce qui me sera bien utile pour la suite du voyage.
Le voyage en stop offre une liberté incroyable, et cet épisode en est un bon exemple. Si j’avais opté pour le train, non seulement je n’aurais jamais rencontré Jenya, mais en plus j’aurais eu des horaires à respecter ce qui rend impossible les visites imprévues comme celle ci.

Jenya, made in Ulan-Ude
Le passage de la frontière Russie-Mongolie en stop
Après avoir dit au revoir à Jenya, je reprends la route cette fois ci direction le Sud ! Je ne suis qu’à quelques centaines de kilomètres de la frontière Mongole et je compte bien la franchir avant la nuit. J’enchaîne quelques voitures et camionnettes de service quand la dernière me dépose au beau milieu de nulle part, à une vingtaine de kilomètres de la frontière. Je me dis que c’est foutu pour ce soir car il n’y a personne à l’horizon… Mais au bout d’à peine une minute, une voiture passe et contre toute attente s’arrête direct. Et en plus… elle est immatriculée Mongole !! A bord, toute une famille qui est ravie de m’aider à traverser la frontière.

Le conducteur de ma voiture tenait à faire une photo de nous deux ici
Je ne comprends rien au deux heures d’après. Mes conducteurs s’arrêtent pour faire du troc de médicaments dans une maison à la frontière et me laissent seul dans la voiture pendant trois plombes. Heureusement, ils se décident à partir pour la frontière. Le passage de frontière dure plus de trois heures. Je me rends compte qu’en Mongolie, tout est CHAOS. Le moindre petit papier, le moindre problème dure des heures, devant des employés médusés qui semblent aussi compétents à faire passer des gens de pays en pays que Griezmann à marquer un but hors penalty pendant la Coupe du Monde.
Le quiproquo d’Oulan-Bator

Tout est dans le regard
Il est temps de vous présenter Samaa. J’ai rencontré Samaa à Irkoutsk en Sibérie, quelques jours avant de traverser la frontière. Elle est d’origine Iranienne, née en Serbie, grandie en Allemagne après que sa mère, communiste et rebelle, se soit faite expulser d’Iran de force jusqu’en Yougoslavie. Bref c’est une histoire compliquée. Malgré le fait qu’on soit totalement opposé sur bien des aspects de notre personnalité, on s’est tout de suite apprécié, au point qu’on a décidé de continuer une partie du voyage ensemble. Son concept était de rejoindre son fiancé expatrié en Australie depuis l’Allemagne par la terre (trains, bus). Mais pas de stop. C’est un peu une flippée de la vie et malgré mon insistance, elle a refusé mordicus de me suivre en stop de Russie jusqu’en Mongolie et a choisi de prendre le train pour éviter de « mourir dans d’atroces souffrances ». Soit.
On s’était donné RDV trois jours plus tard et réservé pour deux personnes dans une chambre à Oulan-Bator (la capitale de la Mongolie). J’y suis allé en stop, elle en train. On était censé se rejoindre le jour où je suis arrivé mais elle a eu du retard car les trains étaient complets (haha) et elle n’est arrivée que le lendemain matin. Comme quoi le stop est plus fiable ! Entre temps, j’avais check-in dans l’auberge où j’avais rencontré un max de gens sympas et on avait fais la fête toute la nuit. Je suis rentré à 6h du mat dans un état d’ébriété assez élevé et Samaa devait arriver à 7h. A 8h30, le téléphone sonne et me réveille. Je suis encore dans le dur niveau alcoolémie et mets 2 minutes à me rendre compte qu’elle m’a appelée 10 fois ! Je la rappelle et elle m’explique paniquée que je ne suis pas dans l’auberge qu’on a réservée. Apparemment je me suis trompé d’auberge ^^ ! Je me lève et titube jusqu’à la bonne auberge, à quelques mètres de là. Au final, elle ne m’en veut pas trop et se moque bien de moi, clairement bourré et dans la mauvaise auberge…

Ça valait clairement le coup…
En contre partie de ce temps perdu, Samaa m’a interdit d’aller me recoucher et a insisté pour que je l’accompagne manger des nouilles dans un resto. Tout ce dont je rêvais. Au final, j’ai fini par rester dans mon auberge, elle dans la sienne, et elle m’a rejoint dès la réservation finie. Toutes les auberges ne se ressemblent pas et celle où j’ai atterri par erreur avait une aura très particulière. J’y ai fait de merveilleuses rencontres, mais ce sera au prochain épisode !
L’avancement du voyage
Episode précédent : Une partie de pêche qui tourne mal en Sibérie
– Nicolas